Leçon 6Des destins dans la bataille

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Il y a urgence !

À Verdun, les pauvres soldats français et allemands risquent de terribles blessures, notamment à cause des éclats d’obus, mais aussi des maladies, des pieds gelés, des intoxications dues aux gaz… On compte près de 1 500 blessés par jour en 1916. Autant dire que les services de santé sont absolument vitaux !


Quand un soldat est gravement blessé sur la ligne de front, que se passe-t-il ?

Au cours du conflit, la médecine évolue rapidement. On comprend par exemple comment limiter l’infection des blessures et la gangrène : les médecins utilisent des liquides antiseptiques et stérilisent leurs instruments. Ils apprennent à utiliser la radiographie, bien pratique pour savoir où se loge un éclat d’obus avant d’opérer ! Et à l’arrière du front, pour limiter les maladies, on crée un procédé pour stériliser l’eau en y ajoutant du chlore : c’est la "verdunisation".

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Le soldat Alfred Salabelle (74e RI) décrit ses souffrances alors que, blessé, il reste étendu sur le champ de bataille de Verdun à la fin du mois de mai 1916, à proximité du fort de Douaumont :

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À l’attaque du fort de Douaumont, je suis blessé par un éclat d’obus qui me fracasse la hanche gauche. Je suis mis à l’abri dans un trou d’eau et reste là jusqu’au soir. La soif commence. Au matin du 23 mai, je suis relevé et porté au ravin de la Caillette. Là, on me remet dans un trou en me disant qu’il y a un poste de secours tout près et que d’autres brancardiers viendront me chercher. Effectivement, dans la matinée du 23, un major vient constater ma blessure et repart en disant qu’il reviendra dans quelques instants, faire le pansement. Jamais je ne le reverrai. Je demeure ainsi pendant trois jours, sans manger ni boire. Le troisième jour, on met à mes côtés, un deuxième soldat blessé aux jambes de plusieurs balles de mitrailleuse et un troisième qui meurt aussitôt. Le 26 mai, le bombardement est terrible. L’aumônier Etcheber qui passe par là, se jette dans le trou pour se garer des éclats. Il se trouve qu’il est du même pays que le blessé aux jambes et ils parlent en patois des Pyrénées. Le pauvre diable se confesse et reçoit l’absolution. Se tournant ensuite vers moi, l’aumônier me demande si je veux son secours. Je ne peux accepter, n’étant pas baptisé. L’aumônier me baptise, s’en va en me laissant sa gourde. Ce n’est que le sixième jour, au matin, que deux brancardiers passant par-là, me relèvent et m’évacuent sur Landrecourt. 

Au cours de la bataille, les services de santé se structurent et gagnent en efficacité pour traiter l’afflux de blessés.