Leçon 5Une bataille d'usure

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Il y a mort d’hommes…

Souvenez-vous : rive gauche de la Meuse, les troupes allemandes étaient parvenues à progresser en direction des sommets du Mort-Homme et de la cote 304… C’est ici, sur quelques kilomètres carrés, que vont se dérouler des combats d’une violence inouïe en avril et mai 1916.


Pour obtenir le contrôle de cette position stratégique, les deux camps font tomber une pluie d’obus sur leurs opposants. Finalement, après s’être assurés le contrôle de la cote 304, les Allemands s’emparent du sommet du Mort-Homme le 20 mai.


Des soldats racontent l’horreur de ces semaines de lutte :

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Édouard Bourgine, 3e bis Zouaves, regarde le Mort-Homme depuis la cote 304 en mai 1916

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  1. Édouard Bourgine, 3e bis Zouaves, regarde le Mort-Homme depuis la cote 304 en mai 1916 Sur la côte du Mort-Homme, c’est comme un volcan en éruption ; fumée de shrapnells, fusées dorées, rouges, vertes, lancées dans le ciel pour avertir l’artillerie de commencer ou de cesser le tir ; feux de bengale, jetant sur tout le "ravin de la Mort" une lumière blanche de magnésium qui aveugle les troupes en marche ; obus qui éclatent de toutes parts avec fracas, en lançant une clarté rouge et une fumée noire. […] C’est un tumulte infernal : fusants perfides, shrapnells diaboliques, marmites terrifiantes ; cela miaule, chante, siffle, rugit et la ferraille éclate, devant et derrière nous.
  2. Felix von Frantzius raconte l’offensive allemande du 20 mai 1916 contre le sommet du Mort-HommeUn lance-flammes, frappé par une grenade ennemie fait explosion ; son porteur, horriblement brûlé, s’écroule ; la fumée se rabat sur nous. Tout s’arrête. Un commandant de compagnie demande l’autorisation de ramener sa compagnie dans la parallèle de départ pour pouvoir repartir à l’attaque. Il veut, en quelque sorte, reprendre de l’élan. Mais le temps presse. On le lui refuse, car déjà on amène un lance-flammes de réserve et on le met en action. Il faut utiliser cette circonstance. Aucun commandement n’est d’ailleurs nécessaire. À peine nos hommes ont-ils vu le jet de flammes s’allonger qu’ils se précipitent avec de nouveaux "hurrah" sur les Français…
  3. Albert Lange, 90e régiment d'infanterie, cote 304, le 4 mai 1916Nous défendre, et avec quoi ? Nous n’avons plus de munitions. Sur ma droite, quelques coups de feu. Le capitaine Aubert, blême, vide son revolver. Je lui dis : « Mon capitaine, vous allez vous faire bousiller pour rien. Il n’y a rien à faire ». Le bombardement a presque cessé. Les Allemands sont maintenant sur nous, placides, l’arme à la bretelle. Quelques-uns s’arrêtent, ils nous font signe d’évacuer la position en disant : « Los, los » et en faisant tournoyer leurs grenades
  4. Louis Barthas, 296e régiment d'infanterie, cote 304, mai 1916Là, de la chair humaine avait été broyée, déchiquetée ; aux endroits où la terre avait bu du sang des essaims de mouches tourbillonnaient ; pourtant on ne voyait pas de cadavres mais on devinait leur présence, cachés sans doute dans des trous d’obus proches avec un peu de terre dessus, par des relents de chair corrompue. Partout des débris de toutes sortes, fusils brisés, sacs éventrés d’où s’échappaient des lettres tendres et de chers souvenirs conservés précieusement et que le vent dispersait […]
En avril et mai 1916, les combats pour contrôler les points stratégiques du Mort-Homme et de la cote 304 sont d’une violence inouïe.