Leçon 5Une bataille d'usure

Je tiens à affirmer que le vrai sauveur de Verdun fut Nivelle.
Joseph Joffre

Qui est le vainqueur ?

Où l’on découvre que le "vainqueur de Verdun" n’est pas forcément celui que l’on croit.

Poilus au repos devant un abri, photographie colorisée Illustration Artips

1er mai 1916. L’armée de Verdun a un nouveau commandant : Robert Nivelle. Son prédécesseur, Philippe Pétain, vient d’être écarté. Ce dernier est arrivé au commandement de l’armée le 26 février, soit cinq jours après le début de la bataille de Verdun… Il est alors quasiment inconnu du grand public, à un moment où la presse ne parle que du généralissime Joseph Joffre !

Alors que la résistance de Verdun cristallise de plus en plus l’attention, Pétain devient une figure incontournable des journaux de 1916. Trop incontournable, même : Joffre, inquiet, le promeut à un autre poste pour l’éloigner de Verdun, et nomme à sa place Nivelle. Cela permet également d’écarter un général dont la stratégie est jugée trop prudente, au profit d’un autre plus offensif.

Mais, paradoxalement, c’est le nom de Pétain qui a été retenu comme "vainqueur de Verdun"… alors qu’il n’a dirigé l’armée que deux mois, au début de la bataille ! C’est plutôt Nivelle, au commandement du 1er mai à mi-décembre, qui est responsable de la contre-offensive et de la reprise des positions perdues sur le front. Mais il tombe en disgrâce quelque temps plus tard, et son nom sera finalement balayé au profit de son prédécesseur…

Joseph Félix Bouchor, Portrait de Philippe Pétain, entre 1915 et 1919, huile sur bois, 47 x 38 cm