Leçon 1Entre mythe et réalité

Le pire n’est jamais décevant.
Claude Lelouch

L’enfer, jour 1

Où l’on subit un déluge de feu.

Vue du Bois des Caures. Photo : © Mémorial de Verdun
Illustration Artips

21 février 1916, 7h15. Le jour commence à peine à poindre quand les premiers obus frappent les lignes de défense de Verdun. Les soldats français comprennent vite que ce bombardement est sans précédent.

"J’ouvre les yeux, raconte le lieutenant Eugène Carrias en première ligne. Un vacarme du diable me tient éveillé. Au milieu d’un roulement continu et terrible, on distingue des détonations à proximité de mon abri."

"Le sol tremble, constate de son côté le médecin militaire Magnenot, les arbres atteints de plein fouet s’écroulent, les gaz lacrymogènes rendent l’atmosphère, chlorée, irrespirable. Les abris sont écrasés, nivelés. Dehors, il neige et il fait froid. Des cris, des plaintes, des appels surgissent de toutes parts."

Vers 11h, depuis son abri, le chasseur Marc Stéphane s’inquiète : "Le pilonnage méthodique s’est fixé ; on les sent désormais en possession de tous leurs diaboliques moyens. Toutes les deux secondes, montre en main, c’est une grosse marmite qui fait tremblement de terre dans nos parages."

À 15h, peu avant l’offensive terrestre allemande, le soldat Hovine décrit un paysage ravagé : "La partie du bois que j’occupais et qui, le matin, était très embroussaillée, ressemblait à un chantier de scierie." Hélas, la première journée du "déluge de feu" (Trommelfeuer, dans le vocabulaire des forces allemandes) n’est pas encore terminée, et cette pluie d’obus va labourer les alentours de Verdun pendant 300 jours…

Impacts d'obus sur le champ de bataille, Verdun, vers 1916